La photo de concert est un art à part, en raison des difficultés inhérentes à l’exercice. Il vous faudra tout d’abord obtenir les autorisations nécessaires, puis souvent travailler dans l’urgence avec des conditions de prises de vue très changeantes. Le tout sans oublier le droit à l’image des artistes, et l’impatience des supports destinataires de vos photos.
Loïc ‘Lost’ STEPHAN nous fait partager son expérience.
Pourquoi la photo de concert ?
La photo de concert est une histoire de fans. Difficile de ne pas aimer la musique et d’aller chercher des images dans des conditions aussi extrêmes. Sans parler des festivals ! Un Hellfest par exemple, festival spécialisé dans la musique extrême, reste un défi physique à relever : 3 journées intenses, 150.000 festivaliers, 6 scènes principales, 160 groupes…
L’accréditation
N’imaginez pas pouvoir acheter votre place de concert, et pénétrer tranquillement dans la salle avec votre reflex et son superbe zoom : dans la plupart des cas, vous vous ferez immédiatement refouler dés l’accueil.
Pour accéder à une salle et photographier le concert officiellement, vous avez besoin d’une accréditation. Le media pour lequel vous travaillez se charge généralement de ce point administratif et les retours arrivent souvent le jour-même du concert. Mais cette accréditation ne vous donne pas le droit de photographier tout le spectacle. Le standard est d’être autorisé à photographier les trois premiers titres. La restriction est parfois plus forte : deux, voire un seul titre (assez rarement heureusement mais cela arrive). Parfois vous avez droit à tout le concert, mais il s’agit d’exceptions.
Les petites salles et les concerts moins “prestigieux” vous permettront de vous entrainer et de vous constituer un book qui sera un sésame pour vous ouvrir d’autres portes.
Le contexte
Enfin, votre accréditation en poche, vous y êtes. Mais la photo de concert est aussi une question de cohabitation avec le public. Si la salle dispose d’une fosse, vous travaillerez plus confortablement. Il vous faudra cependant gérer vos collègues et souvent jouer des coudes pour imposer votre présence.
Si les photos sont plus difficiles à faire au milieu des fans, cette configuration peut être amusante, même si plus fatigante. Elle vous permettra de faire également des photos d’ambiance différentes.
Quelles que soient les conditions, vous n’aurez pas le droit à l’erreur, et vous devrez sortir du premier coup vos meilleures photos. Même si, comme cela arrive, vous êtes relégué en fond de salle, à la console son.
Les ISOs
La photo de concert, rock et metal en particulier, est essentiellement une question d’ISOs. Ceux auxquels vous aurez à monter en fonction des conditions de lumières du concert que vous couvrez. Vous pourrez passer d’un Fear Factory très obscur à un Scorpions pétant de lumières. Schématiquement, une petite salle offrira moins de lumière qu’une grande salle même si les exceptions existent dans les deux sens. En effet, Marilyn Manson ne vous offrira pas de lumière même au Zénith de Paris !
Question ISOs, il est essentiel que votre matériel suive et là, pas de miracle, plus vous monterez en gamme, mieux lotis vous serez. Dernier point concernant les ISOs : le numérique a changé la donne ! Vous pouvez changer la sensibilité sans changer de pellicule. Un progrès indéniable puisque sur scène, les éclairages changent souvent. De plus, l’écran permet un contrôle direct des prises de vue. Très intéressant !
Le matériel
Il dépendra de la salle, des conditions, des goûts du photographe, et de ses moyens. La location est une solution financièrement intéressante, car il est difficile de rentabiliser ce matériel qui se doit d’être de très haut niveau.
En ce qui concerne les boitiers, les Canon EOS 1D-X ou Nikon D5 maintenant représenteront le summum. Les reflex APS-C ne sont pas à oublier non plus. Ils vous feront profiter des coefficients multiplicateurs de focales (1,5 x chez Nikon et 1,6 x chez Canon). Les derniers modèles tels que le Canon EOS 7D Mark II ou le Nikon D500 sont finalement assez proches de leurs ainés plein format. Avec ces reflex, à vous les photos toujours parfaites à 12.800 isos, et les rafales à plus de 10 images / s qui vous permettront de saisir l’instant idéal et l’expression que vous cherchez.
Les anciens modèles des gammes professionnelles vous offriront des performances excellentes, même si leur définition est en retrait (par exemple Nikon D3s avec 12 Mp), vous pourrez sans problème les envoyer sur le web ou effectuer des tirages de magazines. Ce type de boitiers est donné pour environ 400.000 déclenchements, de quoi faire de bonnes affaires en occasions.
Le choix des objectifs reste plus personnel. Certains sont adeptes du 16-35mm, d’autres préfèrent le 70-200 mm. Mais dans tous les cas optez pour des objectifs lumineux : une ouverture à f/2.8 est bien utile. Les focales fixes seront d’un usage plus délicat, car vous aurez souvent des difficultés à vous déplacer pour choisir votre endroit de prise de vue.
Si vous en avez la possibilité, optez pour deux boitiers, avec des objectifs différents. Sur trois titres autorisés, peu de temps à perdre avec un changement de focale. Et enfin pour votre confort, optez pour une sangle Black Rapid Sport ou Double : un investissement modeste que vous ne regretterez pas.
Le flash ? A oublier ! Il est intrusif, gênera aussi bien les artistes que les spectateurs, et casse l’ambiance des photos. Il est en outre généralement interdit.
Les réglages de la photo de concert
La maîtrise de votre matériel est vraiment indispensable pour réussir vos photos de concert dans ces conditions délicates. Encore une fois, la photo de concert ne vous donne que peu de temps, et les tâtonnements ne sont pas de mise. Si vous le pouvez, profitez des essais d’éclairage pour préparer vos premiers réglages.
Il vous faudra impérativement shooter en raw, pour pouvoir effectuer des modifications d’exposition et/ou de balance des blancs en post production. Il vaut mieux généralement laisser celle-ci en mode automatique.
Les principaux réglages : Vous pouvez travailler en mode “priorité ouverture”, même si le mode manuel reste le plus efficace à condition de le maîtriser… En semi-automatique, il sera souvent préférable de sous-exposer légèrement vos photos à la prise de vue. L’AF sera utilisé en mode continu, le choix des collimateurs dépendra de vos habitudes, mais n’oubliez pas que de nombreux obstacles viendront perturber votre mise au point.
La compostion
On oublie les grands classiques et les règles. Un seul conseil : du 100 % feeling. Et surtout, il faut surtout se faire plaisir, le résultat final en dépend !
Pour en savoir plus : Loïc ‘Lost’ STEPHAN. Son site / Sa page Facebook
Photos ©Loïc ‘Lost’ Stephan 2015
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Merci pour cet article, simple, efficace et bien écrit. (y)
Ces informations sont bien le reflet de ma petite expérience. Je mettrais un bémol sur le 7d mark II (que j’utilise). J’essaie de ne pas dépasser 4000 Iso. Suivant les spectacles, je me met en priorité vitesse pour optimiser la qualité voire fermer un peu vers 3,2 ou 3,5… En aps mes objectifs favoris : le 17/55 2.8 canon et le 50/150 2.8 sigma. Merci pour tes informations.